Les délégués de la communauté d’agglomération Mont Saint-Michel Normandie étaient réunis, jeudi 3 avril, à l’espace culturel d’Isigny-le-Buat pour voter le budget. La collectivité devait engager 68 millions d’euros pour son fonctionnement et 13 millions pour ses investissements.
Un vote manqué de trois voix
À l’issue d’un vote à bulletin secret, extrêmement serré, le budget a d’abord été adopté par 52 voix pour, 50 contre et 9 abstentions. Quelques minutes plus tard, David Nicolas, le président, annonçait que la majorité absolue était nécessaire pour l’adoption, soit 55 voix. À trois votes près, le budget 2025 a donc finalement été rejeté.
Dans les rangs du conseil communautaire, les délégués se regardent, interloqués.
Des élus abasourdis
Certains préfèrent même quitter la salle suite à cette annonce, à l’image de Carine Grasset, conseillère municipale de Saint-James, ou Kentin Tiercelin, conseiller municipal d’Avranches. À la fin de la réunion, certains restent abasourdis. « Franchement, c’est n’importe quoi », soufflent plusieurs élus.
Plusieurs petits groupes se forment ici et là, dans la salle et sur le parking. « En fait, on ne sait pas s’il (le budget, NDLR) est passé ou pas », peut-on entendre. De nombreux visages sont fermés. « Je préfère aller me coucher », renonce un élu.
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Le budget entre les mains du préfet
David Nicolas, lui, ne bouge pas de sa chaise, observant le conseil quitter la salle. « Maintenant, nous avons l’image d’un territoire qui refuse d’avancer », assène-t-il. Après la bataille, Rémi Pinet, maire du Grippon, explique tout de même que les abstentions ne doivent pas être prises en compte dans le vote et que le budget devrait être adopté. « De toute façon, il va maintenant passer entre les mains du préfet. Celui-ci a un mois pour prendre une décision sur ce que nous devons faire », nous confie David Nicolas.
Des avis divergents
Pendant près d’une heure trente, le budget avait été présenté et détaillé par Axel Martin, directeur général des finances, avec une ligne directrice : celle d’être volontairement pessimiste, notamment sur les recettes, « pour éviter les surprises », selon les propres mots de David Nicolas.
Une ligne de conduite déjà adoptée, jeudi 20 mars, lors du vote des treize autorisations de programme et crédits de paiement pour des projets du territoire. « 52 millions d’euros de recettes de fonctionnement, cela me semble très prudent », constate Catherine Brunaud-Rhyn, maire de Genêts. « Nous nous laissons volontairement des marges de manœuvre », affirme Axel Martin.
D’autres élus, comme Philippe Faucon, adjoint de Les Cresnays, se posent des questions. « Pourquoi les recettes du tri sélectif sont arbitrées ? D’habitude, c’est une dépense courante. » « Je vais me rapprocher de la directrice du service déchets. Nous avons sous-estimé cette recette, mais nous allons tirer ça au clair », répond David Nicolas.
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Une dette en forte baisse
Le président de la CAMSMN se veut d’ailleurs rassurant sur le budget.
Nous vous proposons des prévisions millimétrées que nous ajusterons selon nos besoins. Nos finances n’ont jamais été aussi saines.
La capacité de désendettement, c’est-à-dire le nombre d’années requises pour rembourser la dette, corrobore ses propos. Une prévision de 4,8 ans en 2025 contre 22,2 ans en 2021. « Qui peut se targuer, sur le territoire, d’avoir de tels chiffres ? », se demande Axel Martin.
David Juquin explique son doute
À l’issue des débats, David Juquin, ex-vice-président aux finances et démis de ses fonctions par le président, prend la parole. Dans son discours, le maire de Saint-James dénonce le manque de clarté de ces prévisions. « Plusieurs éléments me conduisent à douter de ce budget. Je note des incohérences avec des chiffres différents de ceux annoncés dans le rapport d’orientation budgétaire (ROB). Je demande à l’assemblée de voter contre ce budget. »
L’élu s’appuie sur un écart de quatre millions d’euros sur certaines recettes, entre les deux rapports. Dans sa démarche, il est soutenu par Patrick Levoyer, conseiller municipal de Ducey-Les-Chéris. « C’est le quitus au président qui prédomine et je voterai contre », martèle-t-il.
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Dynamisme ou immobilisme
Face à ces attaques, David Nicolas voit rouge. « Ce côté dédaigneux n’est pas acceptable. Nous n’avons pas inventé ce budget de manière artificielle. La caisse des dépôts et consignations nous soutient, affirme-t-il. Nous avons deux visions qui s’opposent : celle du dynamisme face à l’immobilisme ».
Je note des incohérences avec des chiffres différents de ceux annoncés dans le rapport d’orientation budgétaire. Je demande à l’assemblée de voter contre ce budget.
Une passe d’armes qui a divisé l’ensemble du conseil et amener ces prévisions à être rejetées malgré une victoire du « pour » de deux voix. « David Juquin a le plus gros projet d’investissement avec le Clos Tardif. C’est insensé de faire ça », estime David Nicolas.
Le maire de Saint-James s’est empressé de quitter le conseil, déclarant au passage « qu’on ne peut pas se permettre des écarts de plusieurs millions entre ce qui est annoncé et ce qui est voté. Si j’ai fait ça, c’est dans l’intérêt du territoire ». C’est maintenant au préfet d’examiner ce budget avant le 3 mai prochain.
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