Dans la baie du Mont-Saint-Michel, le centre d’entraînement de chevaux de course est sous-exploité

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Imaginez un champion olympique, quatre champions du monde, des multiples champions d’Europe et des champions de France à foison, formés au sein d’un même club sportif en l’espace d’une décennie à peine.

C’est en résumé la performance que vient de réaliser le centre d’entraînement de chevaux de course de Dragey-Ronthon (Manche), au cœur de la baie du Mont Saint-Michel, fonctionnel depuis janvier 2014.

Des champions formés dans la baie

Ses pensionnaires ont en effet remporté en l’espace de dix ans plusieurs victoires de renom, à commencer par Milord Thomas, de l’écurie de Dominique Bressou, lauréat en mai 2015 du Grand Steeple-chase de Paris. L’entraîneur a aussi gagné à quatre reprises le Grand prix d’automne avec Galop Marin, avant de triompher le 18 mai dernier dans la Grande course de haies d’Auteuil avec Losange bleu.

26 entraîneurs réguliers

Avec des victoires dans le Prix du président de la République et dix victoires consécutives dans le Grand steeple-chase de Waregem en Belgique, l’écurie de Patrice Quinton n’est pas en reste.

Les deux professionnels sont les fers de lance parmi les 26 entraîneurs utilisant les installations du complexe équin pour l’entraînement de leurs chevaux. Ils emploient 80 salariés pour 213 chevaux de courses.

En 2023, 1 709 partants dans les courses hippiques françaises étaient entraînés à Dragey-Ronthon, pour 136 victoires et 331 places et un total d’allocations de 4,57 millions d’euros.

Pierre Préaud, secrétaire général de la Fédération nationale des courses hippiques 
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Un potentiel pour 400 chevaux

Propriété de la communauté d’agglomération Mont Saint-Michel-Normandie, héritage de l’ancienne communauté de communes Sartilly-Porte de la Baie qui avait porté ce projet de cinq millions d’euros, le complexe équin est géré et exploité au quotidien par l’association Galop Baie, qui emploie pour cela trois salariés. Cet outil de travail comporte six pistes sur 17 hectares. Il est ouvert à l’entraînement des chevaux du lundi au samedi de 6 h 30 à 14 h et sur demande le dimanche.

Si sportivement parlant, le complexe équin est indéniablement une réussite. Il reste en revanche sous-exploité, ce qui n’est pas sans générer quelques soucis financiers récurrents pour l’association gestionnaire, au point même que la vente de l’équipement a été envisagée à l’automne dernier.

« Cela a juste été une hypothèse qui n’a jamais été travaillée concrètement », balaie d’un revers de main David Nicolas, président de la communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie.

« Nous sommes obligés de couper les centimes en quatre », résume Jean Picard, président de Galop Baie depuis sa création.

« L’effectif de chevaux à l’entraînement varie de 215 en période hivernale, au moment où beaucoup de chevaux sont partis au meeting de Pau (Pyrénées-Atlantiques), jusqu’à 300 le restant de l’année. Nous pouvons pourtant accueillir sans problème jusqu’à 400 chevaux sur le site afin de conserver une bonne fluidité de travail. »

15 000 € par mois de frais fixes

Pour faire fonctionner le centre, payer ses trois salariés, régler la Mutualité sociale agricole, acheter du fuel et recharger les pistes en sable, Galop Baie a besoin chaque mois de 15 000 €. Des dépenses incompressibles que les entraîneurs financent par les droits de pistes, passés entre 2023 et 2024 de 45 € à 55 € par mois par cheval.

« Une hausse de 22 % acceptée sans rechigner par les entraîneurs », observe Jean Picard. « Mais l’on reste l’un des centres d’entraînements, parmi la quinzaine existante, parmi les moins chers de France. »

France Galop a pour sa part accepté d’augmenter de 80 000 € à 105 000 € en 2024 la redevance annuelle octroyée par le Fonds commun des courses, qu’elle verse à Galop Baie. Une somme qui sert à payer le matériel (tracteurs, herses) nécessaires à l’entretien du centre au quotidien, les assurances, la responsabilité civile, ainsi que le loyer dû à l’Agglo, propriétaire du site.

Les raisons d’un sous-effectif

Alors pourquoi, malgré la réussite de ses pensionnaires sur les champs de courses en France comme à l’étranger, le centre d’entraînement est-il toujours en sous-effectif dix ans après son ouverture ?

Jean Picard y voit principalement deux raisons qui sont autant de freins.

« Il s’agit d’une part de l’absence de boxes disponibles permettant à un jeune entraîneur de rejoindre le site en tant que locataire. Il faudrait ainsi pouvoir compter sur quatre barns de 25 boxes chacun offerts à la location. D’autre part, l’absence de logements dans les environs pour le personnel des écuries, freine déjà le développement des écuries présentes et décourage l’arrivée de nouveaux employeurs. A court terme, il nous faut disposer de dix à vingt logements pour permettre ces installations. »

Les élus locaux et de l’Agglo, les bénévoles de l’association Galop Baie et les représentants de France Galop et des courses hippiques se sont retrouvés lundi 24 juin afin de fêter les dix ans de l’ouverture du centre d’entraînement de Dragey-Ronthon.
Les élus locaux et de l’agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie, les bénévoles de l’association Galop Baie et les représentants de France Galop et des courses hippiques se sont retrouvés lundi 24 juin afin de fêter les dix ans de l’ouverture du centre d’entraînement de Dragey-Ronthon. ©La Gazette de la Manche

Un nouveau départ nécessaire

Pour autant, les bénévoles de Galop Baie, accompagnés élus locaux et de l’Agglo et des professionnels de la filière équine, ne restent pas les deux pieds dans le même sabot pour trouver des solutions. Ils enchaînent les réunions de travail, la dernière étant programmée pas plus tard que ce mardi 25 juin dans le but de déboucher sur des solutions à court terme.

« Nous sommes heureux d’avoir entre nos mains un tel équipement constituant un outil de développement du territoire » , souligne David Nicolas. « On ne doit plus continuer à vivre chaque année avec ce difficile équilibre économique. Il faut ainsi tenir bon pour affirmer notre volonté de prioriser le logement en faveur des gens qui viennent travailler chez nous et génèrent de la richesse. Appuyons-nous sur l’histoire, la tradition patrimoniale et identitaire de la filière équine. Sur ces bases, il faut travailler collectivement sur les différents sujets. On peut aller vite, si on définit bien le projet avec l’ensemble des partenaires. »

Pour écrire l’histoire des dix prochaines années, le centre d’entraînement de Dragey-Ronthon doit donc prendre un nouveau départ.

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