Après une soirée mouvementée et un vote invalidé jeudi 3 avril, la Communauté d’agglomération Mont Saint-Michel Normandie (CAMSMN) s’est de nouveau réunie pour voter son budget, lundi 14 avril. Cette fois, les prévisions de 82,2 millions d’euros ont été définitivement adoptées, à 67 voix pour, 44 contre et 11 abstentions.
Près de deux heures d’échanges parfois tendus et un nouveau vote à bulletin secret ont été nécessaires pour parvenir à passer l’étape du budget principal. Celui-ci est resté inchangé, suite au premier vote du 3 avril. Sous l’impulsion d’un discours de David Juquin, maire de Saint-James, plusieurs élus avaient dénoncé « un budget déséquilibré et pas sincère », avec un déficit de 2,8 millions d’euros.
Le président conserve sa méthode
Ce lundi soir, David Nicolas, président de la CAMSMN, a tenu ses positions. « La mécanique que nous avons, c’est de voter un budget primitif avant le 15 avril en minimisant les recettes et ajustant ensuite avec les résultats des comptes lors du budget supplémentaire voté en septembre. Des gens attendent que nous investissions. Cette attitude n’est pas acceptable », a-t-il lancé aux opposants du projet de finances.
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« Nous voulons un budget sincère »
Les élus contre ont en effet été nombreux à s’exprimer sur la situation, dont David Juquin, auteur d’un nouveau discours.
« Le budget ne doit pas être sous-estimé ou surestimé. Il est là le problème et pas ailleurs. 2,8 millions d’euros d’écart, ce n’est pas anodin. Il faut s’appuyer sur nos 11 millions d’euros de réserve. À ce rythme, il n’y aura plus de marges. Je suis pour les projets. Mais cela doit être bien construit et financé. Je ne peux pas, en conscience, voter un budget minoré. Je ne peux pas soutenir une méthode qui fragilise les financements. »
D’autres élus ont tenu a exprimé leur position contre ce budget. « J’ai appelé la préfecture. Si on ne vote pas, qu’est-ce qu’il se passe ? La collectivité continue de fonctionner. Les agents continueront d’être payés. Tout fonctionnera normalement. Les dépenses de fonctionnement peuvent être engagées dans celles de l’année précédente à hauteur de 25 %. Les projets vont être mis en pause un an. Nous sommes pour les projets, mais nous voulons un budget sincère », assure Angélique Ferreira, vice-présidente en charge de l’économie et candidate aux élections municipales de 2026 à Avranches.
On gère des problèmes de riches. Des communautés de communes souhaiteraient avoir des budgets comme le nôtre.
Face à eux, les partisans de ce budget ont également tenu à s’exprimer, pour inciter l’assemblée à l’adopter. « Je peux comprendre que des élus ne soient pas à l’aise. Les enjeux sont très importants. Je ne comprends pas comment les autorisations de programmes ont été validées et qu’aujourd’hui, nous sommes prêts à voter contre. On gère des problèmes de riches. Des communautés de communes souhaiteraient avoir des budgets comme le nôtre », a exprimé Jacky Bouvet, maire de Saint-Hilaire-du-Harcouët.
« Si le budget était refusé, je serai mal à l’aise pour les associations engagées dans les projets. On aura largement le temps de se battre l’an prochain pour savoir qui sera président », reproche Adrien Jehenne, maire de Sourdeval.
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Des tentatives d’influence ?
Ces désaccords et tensions sur le budget sont le symbole d’une fracture grandissante au sein de l’agglomération. David Nicolas a même indiqué que « des pressions », avaient été faites pour influencer le vote. « On essaie de me mettre sur le dos une sorte de document de pression contre les élus », a-t-il regretté, au sujet d’une carte de 2023 retraçant le vote des élus, dans chaque commune, sur le budget de l’époque. Celle-ci a été publiée dans le journal Ouest-France.
« La vérité, c’est que des tentatives d’influence de vote ont été réalisées ce matin par les opposants. C’est la réalité. Cet épisode médiatique est de nature à falsifier les débats », accuse le président. Si le « pour » l’a emporté de 20 voix, cette dernière année de mandat s’annonce délicate. La bataille de succession a commencé.
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