Il enchaîne tellement les sauts qu’il a presque passé plus de temps dans les airs que sur terre. Âgé de 66 ans, Mario Gervasi est ce qu’on appelle un homme volant. Une vocation chez cet ancien militaire, qui rêvait comme tant d’enfants de devenir pilote de chasse. Un léger strabisme est venu chambouler ses plans, mais pas ses envies de s’envoyer en l’air. En 1977, alors qu’il entre dans l’armée, il effectue son premier saut en parachute. « Tombé dans la marmite », il ne lâchera plus la voile avec trente-neuf années de carrière dans l’armée de l’Air, assurant de nombreuses missions en Opex dans de nombreuses zones de conflit, avant d’entraîner l’équipe de France militaire de parachutisme.
En parallèle, Mario Gervasi a aussi pris goût aux exploits sportifs, empilant les premières mondiales de saut de précision aux quatre coins du globe. Avec plus de 20.000 sauts au compteur, rare sont les endroits où il n’a pas sauté. « Mais il en reste encore, sourit-il. Sur l’île Tupai par exemple, près de Bora-Bora, où je devais faire sauter Céline Dion, mais c’est finalement tombé à l’eau à cause de sa maladie. »
Une fatwa prononcée contre lui par des intégristes
Car Mario Gervasio n’aime rien de moins que de partager sa passion en sautant en tandem pour des causes humanitaires et humanistes. En 2007, deux ans après le séisme qui avait frappé la région du Cachemire, il avait ainsi sauté en parachute avec la ministre du Tourisme du Pakistan en Normandie. A l’atterrissage, l’image de l’accolade entre les deux avait provoqué la colère des intégristes de la Mosquée rouge d’Islamabad, lui valant une fatwa dans le pays. « J’y suis retourné depuis, mais sous haute protection », raconte-t-il.
Parachutiste de l’extrême, Mario Gervasi porte aussi depuis plus de trente ans un message de paix. Témoin des pires horreurs durant sa carrière militaire, il voit ses exploits sportifs comme un moyen « d’alerter les consciences et d’apporter un message de paix par la voie des airs. » Ambassadeur pour l’ONU et l’Unesco, il a survolé quantité de lieux symboliques comme les pôles Nord et Sud, l’Everest ou le Mont-Saint-Michel.
Un atterrissage sur la terrasse de l’abbaye millénaire
Ce jeudi matin peu après le lever du soleil, il reviendra d’ailleurs sur la Merveille pour un nouveau défi. Accompagné dans son saut par un quatuor qui interprétera la troisième symphonie de Beethoven, il sautera depuis un hélicoptère à environ 1.500 mètres d’altitude pour atterrir, si tout va bien, sur une cible gonflable de cinq mètres de diamètre posée sur la terrasse ouest de l’abbaye millénaire. « Ce sera une première mondiale », assure Michel Gervasi, qui avait déjà tenté ce saut en 2008. « Mais les conditions étaient venteuses et on n’avait surtout pas eu les autorisations nécessaires pour atterrir à l’abbaye », indique le parachutiste.
En ce jour du 80e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, Mario Gervasi sautera là encore pour la paix et pour « rendre hommage aux libérateurs. » Et après cet énième défi, le retraité de l’armée n’a pas prévu de raccrocher, loin de là. « Tant que j’ai la forme, je n’ai pas prévu d’arrêter », assure le sexagénaire, qui reconnaît être plus prudent avec l’âge. « J’ai perdu 45 copains dans des accidents donc je sais que je n’ai pas le droit à l’erreur à chaque saut », confie-t-il.
Attention « à ne pas rester accroché » à l’archange
Fort de son expérience, Mario Gervasi ne s’amuse d’ailleurs pas à tenter le diable. « A chaque fois que je tente un défi, je sais que c’est réalisable », poursuit-il, déjà impatient de survoler le Mont et son célèbre archange Saint-Michel terrassant le dragon. « Cela va être magique ! Je vais essayer de l’approcher au plus près en faisant attention à ne pas rester accroché. »
Comme ce malheureux John Steele, parachutiste américain rentré dans l’Histoire pour être resté coincé au clocher de l’église de Sainte-Mère-Eglise lors du Débarquement en Normandie il y a un peu plus de 80 ans.
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