Mont-Saint-Michel : pour les ponts de mai, ce scénario à éviter

À l’approche des ponts de printemps, le site patrimonial le plus visité de France en région étoffe ses outils de régulation des pics de fréquentation.

Dans son calendrier 2025, Thomas Velter a coché une petite quinzaine de dates en rouge. Des ponts de printemps ou journées d’été durant lesquelles des milliers de touristes envahiront l’îlot rocheux du Mont-Saint-Michel, dont il dirige l’Établissement public. Sauf qu’au-delà d’un certain seuil, le site patrimonial le plus fréquenté de province -2,8 millions de visiteurs l’an dernier, en léger repli- sature. Et les photos de thrombose des rues étroites menant à l’abbaye millénaire sur 4 km² à peine inondent alors les réseaux sociaux.

Comme ce 19 mai 2023, date à laquelle Thomas Velter a lui-même été à l’origine de la publication de clichés sur Facebook ou X. 33 000 personnes, 7000 véhicules recensés en un jour… Un raz de marée, des utilisateurs en colère et une supplique du gestionnaire : «nous vous conseillons de retarder votre venue […] privilégiez les créneaux avant 10 heures ou 15 heures».

Pas de jauge

«Je ne regrette rien», contextualise celui qui vient d’être reconduit pour un mandat de 5 ans à son poste. Améliorer l’accueil touristique de ce joyau du patrimoine national figure en bonne position sur sa feuille de route. «Cette prise de parole publique a permis une prise de conscience sur la nécessité de faire évoluer les choses afin d’améliorer l’expérience de visite du Mont-Saint-Michel et de développer différentes formes de tourisme plus vertueuses et durables», assure-t-il.

Soit à peu près l’inverse de cette journée de mai 2023. La plupart des sites français saturaient de visiteurs, catalysant les critiques de «surtourisme». Un terme devenu à la mode post-covid, qui qualifie une présence touristique perçue comme «excessive et nuisible». Mais, aussi curieux que cela puisse paraître au pays des normes, les gestionnaires de sites ne disposent pas de leur «petit manuel de surtourisme». Alors chacun applique la politique qu’il juge vertueuse. Quitte à fixer des seuils, à l’image de la jauge dans les calanques de Sugiton près de Marseille. Le quota de 400 visiteurs quotidiens sera reconduit en juin pour le quatrième été consécutif dans ce site naturel sensible, résultats à la clé.

Un nombre limité de visiteurs quotidiens en haute saison au Mont-Saint-Michel ? Thomas Velter s’y refuse. «Cela serait peu réaliste pour un site qui n’est ni un musée, ni un parc d’attractions, évacue-t-il. On peut toutefois considérer que le nombre de places de parking, 3800, est une jauge indirecte.»

Le créneau «11 heures – 15 heures»

Il préfère multiplier les mesures en ciblant les termes précis de l’équation. Le trop-plein de visiteurs se concentre sur quelques dates en rouge aux beaux jours, expose-t-il. Et sur des créneaux horaires précis, entre 11 heures et 15 heures. «Nous avons d’abord lancé deux campagnes de communication en 2023 et l’an dernier auprès des Parisiens et des grandes métropoles de l’Ouest, sur le thème. «Le Mont-Saint-Michel, idéal en hiver», rappelle le jeune directeur général de l’établissement public national du Mont-Saint-Michel. L’exégèse ?«On peut y venir toute l’année, mais l’expérience de visite sera meilleure à certains moments».

Selon lui, le lissage commence à se dessiner mais il faut rester réaliste en termes d’objectifs. «Nous avons augmenté le nombre de visiteurs en basse et moyenne saison : nous voulons passer de 61% de visiteurs hors juillet août à 65% cette année, soit, en volume, plusieurs dizaines de milliers de personnes.» Le site a par ailleurs accueilli 10% de visiteurs supplémentaires avant 10 heures le matin l’été dernier

Haute saison, prix élevés

Autre levier à activer : le parking de 3800 places et ses tarifs. La grille tarifaire est passée à trois saisons, la «moyenne» saison s’ajoutant à la basse -hiver automne et printemps- avec des tarifs réduits, par opposition à la haute (juillet et août) qui voit ses prix gonfler. «Les recettes supplémentaires permettent de financer la baisse des autres tarifs», selon Thomas Velter, qui rappelle que désormais le parking est gratuit à partir de 18h30 et jusqu’à 3 heures du matin, et ce 10 mois sur 12, hors été donc.

Depuis juin 2024, la réservation en ligne de places de véhicules a aussi été lancée, afin de mieux lisser les flux. À la clé, une remise de 1 à 2€ sur le tarif global qui inclut l’accès aux navettes rejoignant le site, «et 10% de réduction sur les produits officiels du site», complète le dirigeant.

Les travaux d’été

Difficile cependant de s’affranchir de la réalité. «Les Français qui viennent en juillet août n’ont pas forcément le choix des dates», rappelle le consultant Jean Pinart, spécialiste de ces sujets. «Dans ce cas de figure, l’idée c’est de les flécher vers des plages horaires hors du créneau 11 heures – 15 h», répond le gestionnaire. Il rappelle aussi la possibilité de profiter de l’immense site naturel : «En dehors du patrimoine bâti du Mont-Saint-Michel, la baie se déploie sur 40 000 hectares».

De nouvelles activités voient aussi le jour, à l’image des visites nocturnes pour les grandes marées de printemps, durant lesquelles l’abbaye ouvre aussi ses portes le soir avec une capacité d’accueil de 1000 personnes.

Vélos

Dans une approche globale, Thomas Velter parie aussi sur la montée en puissance du tourisme à vélo. Le Mont-Saint-Michel se trouvant à la croisée de trois grandes routes cyclo, la Véloscénie (depuis Paris), la Régalante (depuis Nantes) et diverses voies vertes, le potentiel de désengorgement routier est réel. Problème, un nombre famélique de places de parking avant la passerelle (600 actuellement), et à peine 70 places ensuite. Sans compter que la passerelle entre baie et Mont bannit les deux-roues de mai à septembre, par crainte d’accidents avec les cohortes de piétons.

«On vise 100 places supplémentaires», promet Thomas Velter, qui planche sur le grand plan pluriannuel d’investissements visant à injecter 30 millions d’euros sur la période 2025 – 2030, et se félicite que, désormais, l’ensemble des autorités (sécurité, transport, tourisme…) se coordonne lors des journées dites «rouges». À la clé, des barrières à l’entrée de la ville permettant de flécher les touristes vers la rue commerçante ou directement vers l’Abbaye via l’entrée méconnue des Fanils. Ou l’ouverture de places de parking supplémentaires sur une zone enherbée.

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