La force des voyages à vélo est de faire fi des frontières. À un kilométrage donné, vous êtes ici ; le kilomètre suivant, sans vous en rendre compte, vous êtes ailleurs. Dans un autre département, une autre région, voire un autre pays.

Aujourd’hui, nous sommes à Nantes. Sur le parvis de la gare. Accès nord, voisin du Jardin des Plantes et sa collection d’essences entretenues depuis plus d’un siècle. Traversée Bretonne est un parcours de 400 km qui démarre à Nantes et écrit son générique de fin au Mont-Saint-Michel.

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Nous laissons le Château des ducs de Bretagne dans notre roue arrière. Et nous nous emmêlons les rayons dans la désormais célèbre ligne verte, fil d’Ariane et artistique tissé par le Voyage à Nantes qui célèbre l’art à ciel ouvert…

Va-et-vient avec le fleuve

En allant vers Trentemoult, ancien village de pêcheurs transformé en escale colorée, labyrinthique et inévitable pour les locaux d’ici et les touristes d’ailleurs, Traversée Bretonne commence son jeu de va-et-vient avec le fleuve. Un coup la rive nord. Un coup la rive sud. Et de nouveau la rive nord en retrouvant Le Paradis, bistrot les pieds dans l’eau installé à Couëron.

Pour les amoureux de « fun fact », sachez que quelques mètres après Le Paradis, sur votre droite, se trouve le hangar de l’Atelier Blam où a été construit le célèbre cheval mécanique qui a emballé la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.

Un trésor naturel

L’effervescence de la ville est désormais derrière nous. La preuve avec cette plongée longue durée dans le marais Audubon, royaume vivant d’une faune et d’une flore constituant un trésor naturel à respecter.

Une des forces du parcours est de nous faire appréhender l’estuaire du fleuve par sa rive nord. Et non par la traditionnelle rive opposée, aujourd’hui très fréquentée et laissant moins de place à l’inattendu.

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En parlant d’inattendu, nous voilà servis avec Cordemais et son imposante centrale thermique.

À un rythme toujours très tranquille, les kilomètres s’enchaînent. Avec toujours, le fleuve en compagnon de route sur notre droite. Par instants, il se devine. Parfois, nous le dominons. Comme depuis L’Observatoire de l’artiste Tadashi Kawamata, à Lavau-sur-Loire. Mais toujours, la Loire semble puissante.

Et encore plus lorsque nous nous rapprochons de l’océan. Saint-Nazaire s’offre à nous. Et nous nous y perdons en faisant des zigs et des zags au cœur de son grand port maritime. Encore quelques kilomètres et nous retrouverons notre ville étape du soir : Pornichet.

Les débuts de Zaho de Sagazan

Mais avant cela, un nouveau « fun fact ». En effet, à quelques kilomètres de notre ligne d’arrivée, le circuit frôle le lycée Aristide-Briand. Oui, et alors ? ! C’est ici que tout a commencé pour la chanteuse Zaho de Sagazan.

Nous voilà bel et bien à Pornichet, au camping du Bugeau. L’ambiance est familiale. La preuve, ce soir-là, des voisins ont fait le déplacement pour fêter l’anniversaire du petit dernier. Ça trinque, ça rit, ça parle, ça chante un peu… Et nous, ça va dormir… Au petit matin, à nous La Baule, la belle.

La presqu’île de Guérande. Alexandre Lamoureux

Traversée Bretonne se fait ensuite moins cossue et plus sauvage, plus naturelle, plus les cheveux au vent… Aujourd’hui, les kilomètres au compteur sont moins nombreux. Alors nous prenons le temps d’appeler.

– « Bonjour, je suis en voyage à vélo. Il vous reste…

– Pour les itinérants, toujours…

– OK, à tout à l’heure ! »

À Mesquer, au camping du Praderoi, la gérante Laëtitia vous trouvera toujours un petit coin d’herbe et vous délivrera toujours ses bons plans dans le coin. Le parcours relève davantage de l’équipée tranquille plus que sauvage.

La preuve encore avec l’étape du lendemain. Nous profitons de tous les paysages. Nous prenons le temps d’arpenter en long, en large et en travers la plage de la Mine d’or à Pénestin. Et nous éprouvons un véritable coup de cœur à La Roche-Bernard où nous décidons de passer la nuit au camping municipal du Pâtis. Là encore, inutile de réserver longtemps à l’avance…

Située en bord de Vilaine, La Roche-Bernard a su préserver son patrimoine authentique iStock

Notre circuit raconte une histoire d’eau. Cette fois, il s’agit de celle de La Vilaine qui va nous amener jusqu’à Rennes. Où nous passerons la nuit. Au camping des Gayeulles. Au petit matin, le lendemain, nous profiterons de la ville qui se réveille tranquillement. À l’image de Nantes, Rennes est une capitale effervescente, à taille humaine.

Nous la quittons par le canal d’Ille-et-Rance qui ne nous lâchera plus jusqu’à Dinan. Ici, on ne joue pas à saute-mouton ; mais plutôt à saute-écluse. Et ici aussi, la vie est clairement un long canal tranquille.

La baie majuscule

À Pleurtuit, nous passons la nuit au camping de L’Estuaire.  Installez-vous là, là ou là…  Il n’y a pas à dire, les campings municipaux ou avec peu d’étoiles au compteur ont développé un sens de l’accueil irréprochable. Tout est fait pour les cyclistes de passage. Des prises électriques, du café, du thé, des tables pour pique-niquer, un local vélo, un petit salon à l’abri des éventuelles intempéries…

Ce matin, c’est Dinard qui nous tend ses bras. Nous flânons, mais pas trop longtemps car nous devons embarquer à bord d’un bateau de la Compagnie Corsaire pour rejoindre Saint-Malo. La traversée ne dure que quelques minutes mais donne l’impression d’être complètement ailleurs… De l’autre côté, Saint-Malo que nous connaissons pourtant par cœur, nous étonne toujours autant.

Promenade du clair de lune, à Dinard. Alexandre Lamoureux

À Cancale, nous faisons une courte infidélité au tracé de notre Traversée Bretonne pour aller voir la pointe du Grouin. Le panorama y est incroyable. Comment dit-on déjà ? Instagrammable. C’est ça.

« Ici, on a tout »

La journée est tellement bleue qu’au loin, déjà, apparaît le Mont-Saint-Michel. Imposant. Nous décidons de prendre notre temps et installons notre tente au Tenzor de la Baie, à Cherrueix. Au fait, qu’est-ce que ça signifie Tenzor ?  Ça veut dire trésor en breton »,nous répond la propriétaire. Aux Ribines, le café installé en face de l’église, les gens au comptoir sont formels. Jamais, je ne bougerai d’ici. Qu’est-ce que j’irai faire ailleurs ? Ici, on a tout. Et encore plus… On a le Mont. 

Parcs à moules de bouchot à Cherrueix, dans la baie du Mont-Saint-Michel. David Ademas / Archives Ouest-France

Le Mont-Saint-Michel n’est plus très loin. Au fil des derniers kilomètres, il joue avec nous. Il apparaît. Puis disparaît. Au fil des tours de roues, il devient monumental, majestueux. Fabuleuse récompense d’une belle Traversée. Inoubliable.

Bilan carbone : on économise l’équivalent de 109 kg CO₂ pour un même trajet réalisé avec une voiture thermique.

Nos bonnes adresses

À DÉCOUVRIR

La plage de la Mine d’or. À Pénestin, la plage porte bien son nom. 

La promenade du clair de lune. Ici à Dinard, entre la Pointe du Moulinet et la plage du Prieuré, entre les villas Art déco, les hôtels néoclassiques et une palmeraie ; le littoral de la Côte d’Émeraude vous offre une parenthèse « so chic ». 

OÙ MANGER ?

La Maison du port. À Lavau-sur-Loire, une délicieuse crêperie qui a servi de modèle à Jean-Luc Courcoult pour sa Maison dans la Loire, œuvre d’art contemporaine. 39, rue du Port, Lavau-sur-Loire. Tél. 02 40 34 61 73. lavau-sur-loire.fr

Le marché des Lices. Institution rennaise du samedi matin, le marché des Lices est le deuxième plus grand marché de France. Place des Lices, à Rennes.

Bleu & crème. Cette adresse dinardaise est une fromagerie qui fait cave et plus encore, fortement recommandée pour donner de l’allure à un pique-nique. 16, rue Yves-Verney, à Dinard. Tél. 02 23 15 38 22. fromagerie-bleu-et-creme.fr

OÙ DORMIR ?

Camping du Bugeau. La notion de camping familial n’a jamais aussi bien porté son nom. 33, avenue des Loriettes, à Pornichet. Tél. 02 40 61 02 02. campingdubugeau.com

Camping de l’Estuaire. Un camping municipal où l’on se plie en quatre pour que votre escale se déroule au mieux. 16 bis, rue Jean-Boyer, à Pleurtuit. Tél. 07 88 18 26 94. pleurtuit.com

Le Tenzor de la baie. À quelques encablures du Mont-Saint-Michel, ce camping accueille les cyclistes les bras grands ouverts. 10 bis, rue Théophile-Blin, à Cherrueix. Tél. 02 99 48 98 13. le-tenzor-de-la-baie.com

Le nouveau numéro du magazine À l’Ouest (juillet et août 2025) consacre un dossier aux bords de Loire. À l’Ouest

Cet article est issu du n° 18 du magazine À l’Ouest (juillet – août 2025), disponible en kiosque, en version numérique et sur le site des Éditions Ouest-France.