Le Mont Saint-Michel a servi de prison dès le XVe siècle avec Louis XI. Le Mont a même été surnommé la Bastille des mers. Découvrez cette histoire avec notre guide.
Combien de temps le Mont-Saint-Michel a-t-il été une prison ? La réponse de François Saint-James, guide conférencier.
« Le Mont Saint-Michel est devenu une prison avec le règne de Louis XI. Louis XI installe une cage dans laquelle on enferme des prisonniers. Et cette cage, malheureusement, elle n’existe plus.
Je dis malheureusement parce que le guide que je suis aimerait beaucoup la présenter à ses visiteurs. Mais la cage accueillait des politiques envoyés par lettre de cachet. Et ça va durer jusqu’à la Révolution française. À partir du règne de Louis XIV, on appelle le mont « la Bastille des mers« . Il ne faut pas imaginer beaucoup de prisonniers. Ils sont une dizaine, la plupart du temps, des nobles que l’on veut soustraire à la justice ou des moines fous.
Mais réellement, le mont devient une prison avec la Révolution française. On chasse les derniers moines et le « mont libre« , c’est le nom que l’on donne au rocher pendant la Révolution, devient « un crapaud dans un reliquaire« . La phrase est de Victor Hugo.
La prison va fermer en 1863. Donc en gros, de 1793 à 1863, pendant 70 années, l’abbaye est une énorme prison et qui accueille des centaines de prisonniers : jusqu’à 800 prisonniers enfermés en même temps dans les années 1840.
L’abbaye est entièrement reconvertie en prison et la nef de l’église, par exemple les bras du transept, comme une partie des salles, vont être divisés par des planchers avec d’immenses dortoirs de 300 paillasses. Quand on pense aux prisons, nous pensons aujourd’hui à des cellules individuelles avec un couloir central. Ça, c’est le modèle cellulaire qui s’impose à la fin du 19ᵉ, grâce aux efforts d’un illustre habitant de la Manche, Alexis de Tocqueville.
Mais en fait, ici, c’était de grands dortoirs. C’était une vie en commun et des prisonniers qui travaillent 12 à 14 h par jour à fabriquer des chapeaux de paille, de la filature, à fabriquer sur des métiers à tisser des voiles de bateaux. Donc d’énormes manufactures avec des prisonniers qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Et puis la nourriture, on le sait grâce au rapport du directeur qui s’en plaint en permanence, infecte. C’est vraiment une horrible prison, mais peut-être pas plus horrible que les autres prisons de cette époque. »
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