L’abbatiale du Mont Saint-Michel fête ses 1 000 ans cette année 2023. Pour célébrer cet anniversaire, une grande exposition a été lancée en mai. Baptisée La Demeure de l’Archange, elle permet au public de découvrir des trésors et objets remarquables rarement montrés. Dans le cadre de notre série d’été, nous avons décidé de mettre en lumière, chaque semaine, l’un d’entre eux. Septième volet consacré aux bijoux de l’Archange.
Un cardinal, huit évêques, un millier de prêtres et plus de 20 000 pèlerins : le 3 juillet 1877, la foule des grands jours est réunie au Mont Saint-Michel. Dans l’église abbatiale, se tient le couronnement de la statue de saint Michel, « un événement inédit pour un Archange » qui montre bien le renouveau des pèlerinages au XIXe siècle.
« Oui, c’est kitch. Mais ce n’est pas n’importe quoi »
En amont, l’évêque du diocèse de Coutances et Avranches avait lancé une grande souscription pour financer une belle couronne. Les dons d’argents et de pierres précieuses avaient afflué en masse. Suffisamment pour se lancer dans toute une parure.
Après un concours, c’est la maison Mellerio, toujours en activité aujourd’hui à Paris qui est retenue. Spécialistes des couronnes pour statues, ces Italiens bien intégrés dans les milieux catholiques se sont imposés comme une évidence.
« Douze personnes ont travaillé pour créer un ensemble exceptionnel, raconte Brigitte Galbrun, conservatrice des antiquités et objets d’art pour la Manche. Oui, c’est kitch. Mais ce n’est pas n’importe quoi : c’est une prouesse technique, la vitrine d’un savoir-faire. »
Deux couronnes volées sur trois
Malheureusement, la couronne n’a pas fait long feu. Elle est volée en 1906 par une bande de malfaiteur qui écume tout l’Ouest. Elle est refaite en fac-similé. Et la seconde version de la couronne, qui était en Italie, est elle aussi volée dans les années 1980.
Des trois couronnes pour l’Archange, il n’en reste donc qu’une, actuellement visible au Mont Saint-Michel pour la grande exposition qui vient fêter le millénaire de la construction de l’abbaye.
On y découvre aussi le reste de la parure : colliers symboliques, bouclier, épée d’apparat. « Elle rappelle qu’il y avait autrefois tout un trésor dans l’abbaye, avant la Révolution et les guerres », souligne la conservatrice, une des deux commissaires de l’exposition.
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