Faire de l’église du Mont-Saint-Michel la porte du ciel et l’un des plus grands pèlerinages en Europe : voilà l’ambition des Normands quand ils posent la première pierre d’une abbaye de quatre-vingts mètres de long sur ce rocher entouré d’eau. Nous sommes en 1023 et « l’Occident se couvre d’un blanc-manteau d’églises », comme l’écrit alors un moine.
François Saint-James est guide conférencier au Mont-Saint-Michel. C’est un expert de l’histoire de l’abbaye, où il se trouve sur la photo. © Stéphane Geufroi / Ouest-France
Un gigantesque chantier
L’îlot rocheux a déjà une certaine renommée, depuis que l’évêque Aubert a vu apparaître l’archange saint Michel, chef des armées célestes, dans ses rêves. En 708, il lance la construction d’une église en son honneur, à l’image du Mont Gargan en Italie. Deux siècles et demi plus tard, le Duc de Normandie y installe des moines bénédictins et décide d’agrandir l’édifice.
On oublie alors l’église carolingienne existante, ruinée par un incendie, pour partir sur une architecture romane. « Ce gigantesque chantier est payé par les dons des pèlerins, par le travail des fermiers qui vivaient dans les domaines de Granville à Cancale… Derrière l’histoire de l’abbaye, on découvre aussi l’Histoire de la région », souligne le guide conférencier François Saint-James.
Les contraintes techniques sont nombreuses et les travaux ne peuvent se faire qu’à la belle saison, car le mortier a besoin d’un temps sec et chaud. Il faut aussi de l’eau douce et donc transporter des citernes, à une époque où aller au Mont-Saint-Michel ne pouvait se faire qu’en traversant la baie. Ce qui n’est pas sans danger…
La chapelle de Notre-Dame-des-Trente-Cierges au Mont Saint-Michel, où l’on trouve des pierres datant de 1023. © Stéphane Geufroi / Ouest-France
Une nef aux dimensions de l’arche de Noé
Pour les matériaux, les quelques dizaines de maçons et charpentiers vivant dans le village reçoivent de la pierre de Caen et du granit, transporté par bateau au gré des marées depuis l’archipel de Chausey.
Les bâtisseurs forment deux équipes et se relaient à la mi-journée. « Le chantier avance, comme il peut, par tranche et la construction s’achève dans les années 1060. La nef avait, dit-on, les dimensions de l’arche de Noé. »
La silhouette du Mont-Saint-Michel tel qu’on la connaît n’existe pas encore. L’édifice connaîtra bien d’autres chantiers… Comme le passage à l’art gothique qui aurait pu effacer toute trace de l’architecture romane. « Ils avaient le projet de tout raser, mais plus assez d’argent », glisse le guide. Depuis, la vieille nef romane et le chœur gothique coexistent.
L’abbaye du Mont-Saint-Michel a attiré 1,3 million de visiteurs en 2022. © Stéphane Geufroi / Ouest-France
« On fête un édifice qui est toujours debout »
Alors pourquoi célébrer 1023 ? « On fête un édifice qui est toujours debout. Et ce moment où le Mont est devenu l’un des plus grands lieux de pèlerinage, visité par des dizaines de milliers de personnes chaque année. »
Une fois à l’abbaye, l’expérience des pèlerins n’était pas si différente de celle des touristes actuels. Ils venaient prier, écouter la messe et se laissaient guider par les moines qui leur montraient les reliques de l’archange et racontaient la fondation du Mont-Saint-Michel. S’ils en avaient les moyens, ils dormaient dans les auberges médiévales et passaient chez les marchands de souvenirs déjà installés dans le village.
« L’abbatiale est l’un des plus précieux témoignages du passé prestigieux de la Normandie romane, estime aujourd’hui François Saint-James. L’édifice millénaire, une prouesse architecturale sans cesse reconstruite et restaurée, est resté fidèle à sa vocation : accueillir la prière, les moines et les foules venues du monde entier. »
La demeure de l’archange
Pour cet anniversaire, l’Établissement public national du Mont-Saint-Michel et le Centre des monuments nationaux ont prévu toute une saison culturelle, riche en animations d’avril à octobre.
Samedi 20 mai 2023, s’est ouvert une grande exposition au cœur de l’abbaye, nommée La demeure de l’archange. Elle retrace les mille ans d’histoire et la création de l’édifice, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979. Maquette, reliques, bannières… Elle permettra aussi aux visiteurs de découvrir des objets rarement ou jamais exposés dans la Merveille. Certains ont été restaurés pour l’occasion.
Danse, musique classique et actuelle, spectacle visuel, conférences sont aussi au programme de ces prochains mois. Une façon de montrer que le Mont-Saint-Michel « est un patrimoine vivant », comme l’explique le directeur général Thomas Velter.
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