Il a rarement été plus compliqué de visiter le monument de la Manche. Une partie du personnel de l’abbaye du Mont-Saint-Michel est en grève depuis le mardi 26 décembre 2023, entraînant régulièrement des queues à rallonge et une ouverture fortement dégradée du site.

Alors que doit se tenir ce mercredi 3 janvier 2024 une réunion de négociation entre l’intersyndicale à l’origine du mouvement et la direction du site, le mouvement semble prendre encore plus d’ampleur.

Nous étions neuf grévistes jeudi dernier et il y en a 15 aujourd’hui (ce mardi 2 janvier, NDLR).

Déléguée syndicale Sud Solidaires, elle a vu le mécontentement s’amplifier au fil des jours.

« C’est allé crescendo, analyse-t-elle. Jeudi, les collègues en caisse se sont mis en grève et l’entrée a été gratuite pour tous les visiteurs. Samedi, il y a eu un gros mouvement de foule et une attente importante car l’abbaye n’a été ouverte que de 13 heures à 16 heures, tout comme aujourd’hui (ce mardi 2 janvier, N.D.L.R.). »

Une négociation qui dure

Les négociations pour améliorer les conditions de travail ont commencé le 22 décembre. Les syndicats CGT, CFDT et SUD ont déposé un préavis de grève par la suite.

« Peu de choses ont été lâchées », explique Jean-Elie Strappini, cosecrétaire général CGT Monument Nationaux. 

L’abbaye du Mont-Saint-Michel bat des records de fréquentation et il n’y a aucune retombée au niveau des agents que ce soit en matière d’effectifs ou de salaire. Le 22 décembre, on nous a parlé d’un emploi réaffecté à l’accueil, de garantie pour les vacataires et d’étude de faisabilité de travaux pour mieux recevoir le public à l’extérieur. Nous attendons beaucoup plus et les agents sont déterminés.

Du côté de la direction de l’établissement de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, qui dépend des Monuments Nationaux, on met en avant une situation plus contrastée.

« Dimanche dernier, il n’y a eu aucun gréviste et nous avons pu ouvrir normalement, souligne Arnaud Noblet, secrétaire général de l’Abbaye. Nous n’avons jamais fermé même si aujourd’hui (mardi 2 janvier, NDLR) nous avons dû ouvrir de façon moindre, sans billetterie ni boutique. Il y avait une vingtaine de non-grévistes sur 34 agents au total. Entre 13 heures et 17 heures, nous avons quand même reçu plus de 2 350 visiteurs. »

Les conditions de travail

Concrètement, les revendications des grévistes sont liées à la fréquentation exponentielle du site. Pas moins de 460 000 personnes ont visité l’abbaye cet été. C’est une hausse de 23 % par rapport à 2022.

Le site figure parmi les monuments nationaux les plus fréquentés cet été, aux côtés de l’Arc de Triomphe et de la Sainte-Chapelle à Paris. « Nous manquons de personnel », insiste Anne Le Page. « Tout au long de l’année, nous fonctionnons avec cinq ou six vacataires, et nous avons des besoins non pourvus notamment après des départs à la retraite ou des arrêts maladie de longue durée. »

Nous réclamons aussi une hausse de salaires car nos conditions de travail ne sont pas faciles. Il y a de plus en plus une surfréquentation du site, à Pâques ou l’été. Il y a le bruit dans un site qui n’est pas conçu pour recevoir autant de monde avec des structures pas adaptées. Nous aimons notre travail mais nous ne voulons pas travailler comme cela.

Une grande saisonnalité

Les discussions ce mercredi 3 janvier porteront donc en partie sur la titularisation de vacataires. « Côté emploi, il y a déjà eu des avancées le 22 décembre dernier avec des postes débloqués », précise Arnaud Noblet.

Puis d’ajouter : « Il y a eu certes une belle fréquentation en 2023 qui nous amène à celle d’avant-Covid. On est au dessus mais il n’y a pas de bond énorme. Il faut aussi expliquer que l’Abbaye fonctionne avec une grande saisonnalité. Nous aurons besoin de renfort en haute saison et cela explique le recours aux vacataires. Cela permet aussi aux agents de prendre des vacances méritées à ces moments-là ».

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