Quand 225 producteurs de sel se partageaient la baie du Mont Saint-Michel

Depuis l’écomusée de la baie du Mont Saint-Michel, à Vains (Manche), on profite d’un panorama remarquable sur les prés-salés. Des randonneurs, qui suivent le sentier du littoral, s’arrêtent pour observer les moutons et la côte verdoyante.

Mais quelques siècles plus tôt, la vue aurait été bien différente. Des centaines de cabanes s’alignaient alors sur le littoral : les salines, où travaillaient les sauniers. Entre Granville et Cancale (Ille-et-Vilaine), on en a compté jusqu’à 225, dont une centaine rien qu’à Vains et Genêts. Ces ateliers servaient à la production du sel, obtenu à partir de sable récolté dans la baie.

Des salines étaient détruites par des incendies

L’écomusée en a reconstitué une pour faire connaître les anciennes techniques des sauniers. Ces derniers faisaient bouillir de la « brune », une eau très salée obtenue en lessivant du sable de la grève. Plusieurs feux de bois brûlaient en permanence dans les salines, comme le raconte l’animateur Olivier Dahcene. « C’était noir de suie du sol au plafond. L’air était irrespirable. Même le sel avait un goût de fumée. »

Sans compter que la cendre pouvait facilement s’échapper et incendier le toit de chaume. « Tous les ans, une ou deux salines de la baie étaient détruites par un incendie », affirme Olivier Dahcene. D’autres ne résistaient pas aux vagues des grandes marées.

L’État veille au grain (de sel)

Très lucrative, la production du sel était aussi étroitement surveillée. Un douanier contrôlait le respect du calendrier imposé par le roi mais aussi les quantités produites. « Si une saline avait produit 30 kg de moins que sa voisine, c’était louche, raconte Olivier Dahcene. On ouvrait une enquête. » En moyenne, chaque saunier produisait 13 tonnes de sel par an, dûment pesées et déclarées.

Pour tenir ses registres, le saunier savait donc lire, écrire et compter. Grâce aux revenus du sel, il avait souvent les moyens d’envoyer ses enfants à l’école. « Des enfants de sauniers finissaient docteurs, notaires ou avocats », explique Juliane Leconte, responsable du musée. Le lexicographe Émile Littré, auquel le lycée d’Avranches doit son nom, était ainsi petit-fils de saunier.

La production de sel en Normandie n’a cependant pas résisté au développement des transports rapides et donc à la concurrence des marais salants. En baie du Mont Saint-Michel, la dernière saline a fermé en 1865.

Écomusée de la baie, démonstrations chaque mardi et jeudi des vacances d’été à 14h30. Tarif : 7 € adulte et 4 € enfant. Renseignements et réservation au 02 33 89 06 06.

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