Certes, il s’agit de l’un des plus beaux monuments de France, où se pressent chaque année plus de trois millions de visiteurs. Mais travailler pour le Mont-Saint-Michel n’a rien d’idyllique. C’est en tout cas ce qu’expliquent ses salariés, dont une quinzaine sur 55 est en grève depuis le 26 décembre, plaidant pour l’amélioration de leurs conditions de travail et une meilleure reconnaissance salariale. Le site a oscillé entre des périodes de fermeture et d’ouverture gratuite pendant presque toutes les vacances de Noël.
«Depuis des mois, les agents du Mont-Saint-Michel et l’intersyndicale CGT, CFDT, Sud, font remonter un ensemble de problématiques avec les représentants du personnel», explique un communiqué publié le 28 décembre sur le réseau social X, ex-Twitter. «Malheureusement, si un certain nombre de points ont pu avancer» dans le cadre de ces discussions avec la direction, avec notamment une réunion le 3 janvier, selon Ouest France, «nombre de sujets particulièrement importants au quotidien continuent de faire du sur-place», déplorent les syndicats.
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Et ce, dans un contexte où le centre des monuments nationaux (CNM), dont dépend le Mont-Saint-Michel, «se gargarise d’une fréquentation record» de ses sites. Les syndicats pointent ainsi «l’insuffisance des effectifs» face à «l’accroissement de la fréquentation et de l’activité», réclamant «la création de 10 postes et le remplacement des collègues absents». Dans leur viseur, aussi, «le recours de plus en plus fréquent à des contrats précaires renouvelés au mois». Ils ont ouvert une caisse de grève en ligne.
Arnaud Noblet, secrétaire général de l’abbaye du Mont Saint-Michel pour les Monuments nationaux, dit «comprendre à titre personnel» que les salariés se sentent parfois «submergés» lors de la haute saison. Il rappelle que «depuis 2018 la masse salariale a augmenté de 7 %, nous passons de 55 agents permanents à 85 en période estivale, et les négociations de fin d’année ont abouti à la création de 2,5 postes».
«Physiquement impossible»
Le froid, l’humidité et les 350 marches à monter tous les jours font du Mont-Saint-Michel un lieu de travail usant. Entre l’escalade matinale pour rejoindre l’abbaye, «les visites et ceux qui restent debout toute la journée, nous avons tous des problèmes d’articulations aux genoux, aux chevilles», déplore la cégétiste Herminia Amador Chacon, auprès de l’AFP.
La syndicaliste enfonce le clou : «Notre navette dédiée nous laisse dix minutes le matin pour gravir le Mont jusqu’au sommet et ouvrir tout le bâtiment au public, on ouvre en retard tous les matins car c’est physiquement impossible !» Les investissements ne sont «pas à la hauteur de ce merveilleux monument qu’est l’abbaye alors qu’il rapporte beaucoup d’argent au CMN», estime-t-elle encore. Les caissiers vendent habituellement les billets dans deux petits préfabriqués. «Ces deux postes provisoires ont été installés pendant le Covid, il y a le chauffage, on y est à l’abri mais c’est trop petit, on demande une structure d’accueil pérenne», ajoute Herminia Amador Chacon.
Selon les chiffres du CMN, 2500 visiteurs sont entrés dans l’abbaye – qui est ouverte gratuitement du fait du mouvement social – en moyenne ces derniers jours, contre 4 000 habituellement pendant les vacances d’hiver.
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