Quatre millions de visiteurs franchissent chaque année le pont-levis de la Porte du Roy. Mais, en dehors de la saison estivale et en semaine, on traverse sans bousculade la Grande Rue, enfer mercantile pour atteindre l’Abbaye construite au XIe siècle sur un plateau rocheux au-dessus de Notre-Dame-sous-Terre. Le manuscrit du IX siècle d’un moine témoigne qu’en 708, Saint Michel apparut à Aubert, évêque d’Avranches – bourgade voisine – pour le sommer de construire un lieu de prière et d’accueil des pèlerins sur le Mont Tombe, gros rocher battu par la Manche. Un an après, le 16 octobre 709, une messe est célébrée dans l’église. Le Mont Tombe devient alors le Mont-Saint-Michel, habité par 12 religieux.
Les pèlerins affluent en masse, mais les moines livrés à eux-mêmes se dévergondent au point que Richard 1er, duc de Normandie, décide, pour les mater, de leur déléguer en 1023 des frères bénédictins. Leur mission ? Prélever des pierres aux îles Chausey afin d’ériger un monastère. Par deux fois, les « Grands Bretons » tentent de le prendre d’assaut, boutés par Duguesclin dont le logis et celui de sa dame Tiphaine se visitent toujours. Peu à peu, autour du Mont, des villageois s’installent. Et le roi Louis XI ordonne d’y enfermer ses ennemis dans des fillettes, sorte de cages entravant tous mouvements. François 1er et Louis XIV l’imiteront. La Révolution de 1789 va libérer les prisonniers, chasser les religieux et y boucler les prêtres rebelles. Période noire pour le Mont, désormais déserté. Napoléon III, sous la pression de Victor Hugo, favorise le retour des religieux et des habitants. Le Mont renaît au milieu des sables mouvants qui ont failli l’étouffer avant que de grands travaux en 2010, le libère.
Préserver son intégrité
Désormais, comme le raconte Ines LeBrec, propriétaire avec son mari de La Tête Noire – la plus incroyable maison d’hôtes du Mont – seuls 17 habitants vivent sur le rocher, elle et son mari étant les seuls « civils » – 11 moines et nonnes de la Fraternités Monastiques de Jérusalem, 3 curés de Saint Martin et 2 fonctionnaires, « Nous nous battons pour que l’accès au mont soit régulé entre 10 h 30 et 17 heures. Nous avons obtenu que des panneaux signalétiques sur la quatre voies conduisant au Mont signalent les pics d’affluence. Nous essayons, malgré les menaces, d’interdire les étals débordant de bimbeloteries affreuses et les stands de restauration bas de gamme. Nous voulons que le Mont retrouve son harmonie, son identité. Il le mérite ! Lui, si beau par tous les temps, sous toutes les lumières et notamment en février au moment des grandes marées. »
Il suffit pour s’en convaincre de gagner la baie pour l’admirer dans sa globalité et découvrir les tadornes de Belon, les huitrier-pie, les hérons gardes-bœufs, les colverts… ou encore de surprendre le phoque veau marin se prélassant, regarder les moutons de prés-salés à tête noire se gaver d’herbe gorgée d’eau de mer. Et de suivre les méandres de sables dorés jusqu’à Tombelaine. Magique !
Appréhender le Mont !
Se cultiver : Le 11 novembre, Fête de la Saint Martin, l’occasion, à 7 h 50 de chanter les laudes avec les moines et nonnes, dans la crypte Saint Martin et les vêpres à 18 h 15. Des instants, même pour les non religieux, émouvants, dans un lieu exceptionnel. Accueil devant la porte.
Passer la nuit intra-muros : A La Tête Noire, sur le rempart, la plus ancienne demeure du Mont datant du XIVe, classée monument historique. Vue sur la baie et le mascaret. 2 chambres sur insta @latetenoiremontsaintmichel et sur Airbnb.
Le voir de son lit : au Château de Chantore, dans La Suite Mont Saint Michel, ou la chambre Ovale. chateaudechantore.com
Se régaler : On fuit les restaurants à touristes et on prend la direction de L’Auberge Sauvage, à Servon (6 km), dans un ancien presbytère du XVIe siècle. Cuisine remarquable, poignée de chambres et le privilège de visiter, seul, l’église Saint Martin du XIVe siècle, construite avec les prieurs du Mont. Jessica et Thomas les propriétaires de l’Auberge ont la clé. aubergesauvage.fr. On vous conseille aussi La pause des Genêts : en face du mont, vieille auberge revisitée par Laurent Bracciani et Emmanuel Pascassio-Comte, avec cuisine divine, prix contenus… lapausedesgenets.fr
Se balader dans la baie, les marais, en toute sécurité avec Julien Avril, guide naturaliste de Les Gambettes en Baie, gambettes-enbaie.fr
Visiter l’Écomusée du Mont avec vue sur la merveille dans le hameau de Saint Léonard. On peut le gagner à pied, par le GR, 1 km ou par la route côtière. ecomusee-baie.manche.fr
À Rapporter : un pull Saint James, fabriqué depuis des décennies dans la Baie. Boutique à Beauvoir, 15 minutes du Mont. fr.saint-james.com. Et de délicieux biscuits à la Biscuiterie de l’Atelier Saint-Michel à Beauvoir, atelierstmichel.fr. Pour en savoir plus : Office de tourisme : ot-montsaintmichel.com
Texte : Anne-Marie Cattelain Le Dû
Crédits photos : Florian Delee
La mission de montsaintmichel.net est de rassembler en ligne des journaux autour de Mont Saint Michel pour ensuite les présenter en tâchant de répondre du mieux possible aux interrogations du public. Ce post a été prélevé d’internet par l’équipe de montsaintmichel.net du seul fait qu’il se présentait dans les colonnes d’un média consacré au thème « Mont Saint Michel ». Cette chronique est reproduite du mieux possible. Vous avez l’opportunité d’utiliser les coordonnées inscrites sur le site pour indiquer des précisions sur ce contenu sur le thème « Mont Saint Michel ». Il y a de prévu plusieurs travaux sur le sujet « Mont Saint Michel » bientôt, nous vous invitons à naviguer sur notre site web aussi souvent que possible.